Compressions: Martin Coiteux ne regrette rien


Article publié par Jocelyne Richer sur le site internet du journal Le Devoir le 20 juin 2016

Martin Coiteux ne regrette rien. Si c’était à refaire, l’ex-président du Conseil du trésor procéderait de la même façon, en imposant d’importantes compressions à l’État, pour éliminer rapidement le déficit du Québec.

Malgré l’avalanche de critiques ces deux dernières années et malgré la baisse de popularité du gouvernement, l’actuel ministre des Affaires municipales et de la Sécurité publique réaffirme qu’il devait agir avec vigueur pour redresser les finances publiques du Québec et réduire la taille de l’État. Alors que le gouvernement est à mi-chemin de son mandat, le ministre Coiteux a accepté de dresser le bilan de sa contribution et de son implication en politique.

« La chose à faire »

Le gouvernement n’est-il pas allé trop vite et trop loin, quand on pense au prix que certains ont dû payer, en matière de réduction de services ? « Non, je ne pense pas », a affirmé le ministre au cours d’un long entretien avec La Presse canadienne. Après coup, avec le recul, il demeure convaincu que « c’était la chose à faire ».« La vérité, c’est que nos finances publiques allaient déraper », soutient-il, pour justifier l’approche controversée privilégiée par le gouvernement déterminé à atteindre l’équilibre budgétaire en 2016.

Avec une dette beaucoup trop élevée, des milliards de dollars de déficits, une population vieillissante, « il ne fallait pas attendre pour redresser la barre », assure cet économiste, ancien professeur à HEC Montréal, qui refuse toujours de parler « d’austérité » pour qualifier sa démarche.

Loin de s’amender, il salue le « courage » du gouvernement, qui a su voir « un peu plus loin », en faisant le nécessaire pour financer les services publics à plus long terme.

Le ministre refuse de commenter l’impact de ses décisions budgétaires sur les services directs à la population, relayé dans les médias quotidiennement, particulièrement en santé, en éducation et dans les services de garde. Du bout des lèvres, il préfère parler « d’adaptations » rendues nécessaires.

On aurait tort de croire que son départ du Trésor, en janvier dernier, marque la fin du processus enclenché sous son règne en vue de réduire la taille de l’État. Même si ses successeurs au Trésor, Sam Hamad, puis Carlos Leitão, ont été depuis six mois discrets sur la question et que le rapport de la commission Robillard sur la révision permanente des programmes n’alimente pas les conversations, M. Coiteux affirme que le processus va se poursuivre.

« Il faut que ça s’installe dans les processus de l’ensemble des ministères », et si les résultats ne sont pas au rendez-vous, cela pourra entraîner « dans certains cas l’abolition » de programmes. Il s’est dit convaincu que son successeur au Trésor, Carlos Leitão, et lui sont « au diapason » à ce chapitre.

Deuxième mandat ?

Entré en politique en 2014 pour combattre le projet de charte des valeurs et l’approche péquiste sur la question identitaire, Martin Coiteux ne prépare pas sa sortie. Tout indique qu’il sera de nouveau candidat en 2018. « Si vous me demandiez aujourd’hui : est-ce que j’ai l’intention d’en faire un deuxième [mandat], je vous répondrais oui », dit-il sans hésiter. À 54 ans, il prétend n’avoir aucune idée de ce qu’il fera après la politique.

Il hausse les épaules quand on lui demande comment il réagit devant tous ceux qui le traitent d’« insensible » au malheur des gens qui subissent le contrecoup de ses décisions. Les réinvestissements en santé et en éducation « dès que possible » sont une priorité à ses yeux, plaide-t-il. « C’est une grande incompréhension de ce qui m’anime, dit-il. Les gens qui me connaissent un peu plus intimement qu’à travers des slogans et des caricatures de journaux savent à quel point je tiens à ces questions-là. »

Surprise

Candidat-vedette du « trio économique » de l’équipe libérale en 2014, M. Coiteux a été surpris par la demande du premier ministre, en janvier, de s’occuper des Affaires municipales et de la Sécurité publique. « En toute franchise, ça ne faisait pas partie des choses que j’avais imaginées » comme plan de carrière, convient ce politicien d’un naturel cartésien, rompu aux colonnes de chiffres et aux théories économiques.

Du jour au lendemain, il a dû apprendre à gérer deux gros ministères et à traiter des dossiers délicats comme les jeunes fugueuses des centres jeunesse et les plaintes de harcèlement sexuel de femmes autochtones contre des policiers de la Sûreté du Québec.

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